Comment concevez-vous le métier d’enseignant ? Pour ma part, j’essaye de me focaliser sur quelques grands principes.
Le plus important pour moi, c’est que les enfants aient envie de venir à l’école et passent une bonne journée. Je sais bien que notre rôle n’est ni de les aimer ni de les cocooner – laissons leur place aux parents- mais il me semble qu’ils ne peuvent pas être capable d’apprendre si dès le matin ils regrettent déjà d’être là. Vous avez déjà vécu une journée en regardant l’horloge égrener toutes les minutes… quelle horreur ! Et puis, ils n’en sont qu’au début de leur vie, laissons leur un peu d’insouciance, de joie simple, de plaisir de vivre. Rien de plus plaisant quand j’entends “déjà ?” à 11h30 ou 16h30 !
Pour cela, je tente de multiplier les approches, les projets, de bien rythmer la journée en alternant les temps intenses, les temps collectifs avec des temps plus calmes, plus individuels. Et puis de la bienveillance, toujours de la bienveillance … même si ce n’est pas toujours facile. Un enfant qui ne comprend pas ne le fait pas exprès !
Deuxième principe, donner aux élèves confiance en eux. Le manque de confiance les empêche d’avancer en plus de créer une angoisse permanente. Alors bien sûr, je pourrais parler des heures du statut de l’erreur, des notes à l’école, des évaluations…. Il me semble que donner confiance ne signifie pas non plus masquer les difficultés. Les enfants et leurs parents doivent au contraire être parfaitement conscients des obstacles afin de travailler à les surmonter. Certains élèves doivent même être un peu poussés pour passer le cap du “je vérifie systématiquement si j’ai compris en posant la même question 3 fois, en regardant sur mon voisin” ou “je n’écris pas de peur d’avoir faux”.
J’ai plusieurs outils pour aider les élèves: la progression individuelle avec les ceintures et les cahiers de réussite (voir dossiers), un système de récompense du travail bien fait (pas forcément tout juste d’ailleurs, je récompense plutôt les efforts faits), le travail individualisé en plan de travail, le travail en petits groupes pour s’entraider… Vous trouverez mille autres idées en surfant sur le net ou juste à discutant avec vos collègues.
Troisième grand principe: mener les élèves le plus loin possible dans leurs apprentissages en fonction de leurs possibilités, et pas forcément en fonction du programme. Il me semble qu’un élève de CE1 par exemple qui a bien intégré la façon de conjuguer un verbe du premier au présent mais n’a pas eu le temps d’aborder le futur aura plus de chance de réussir son CE2 qu’un élève qui a fait tout le programme sans jamais comprendre ce qu’il faisait.
Alors bien entendu, tout cela ne marche pas toujours… il faut continuer à tâtonner, s’adapter, construire petit pas par petit pas.