Les devoirs

Angoisse de certains enfants, de certains parents et même de certains enseignants. Il y en a toujours trop, ou pas assez, ou pas bien expliqués…. Il semblerait donc que les devoirs soient un sujet d’importance.

Les textes

Comme vous en avez sans doute déjà entendu parlé, les devoirs en primaire doivent normalement se limiter à des devoirs oraux ou des leçons à apprendre. https://www.education.gouv.fr/les-parents-l-ecole-9899

Je ne souhaite pas ici m’étendre sur un débat relayé régulièrement par les médias et internet mais juste apporter quelques éléments de réponse de mon point de vue de maman et d’enseignante.

Car dans la réalité, nombre d’arguments sont évoqués par tous les intervenants y compris parfois par les animateurs de la commune qui « ne savent pas quoi leur faire faire le soir s’ils n’ont pas de devoirs ».

Les devoirs sont-ils utiles ?

Aucune étude ne le prouve vraiment mais les enseignants que je connais considèrent dans leur ensemble que les devoirs permettent de:

  • se remettre en tête ce qui a été fait dans la journée.
  • s’entraîner de façon plus intensive qu’en groupe de 25 à 30 élèves, en particulier en lecture.
  • ne pas « oublier » ses apprentissages, surtout pendant les vacances.
  • faire participer les parents à la vie scolaire de leur enfant.

A mon avis, ce dernier est important. Tout simplement parler de la journée d’école avec son enfant est primordial pour de nombreuses raisons:

  • faire pratiquer un langage oral correct à son enfant, d’autant plus important qu’il est jeune.
  • s’approprier le vocabulaire vu à l’école, si l’enfant sait raconter, expliquer ce qu’il a appris, c’est qu’il l’a bien compris.
  • donner de l’importance à l’école qui occupe une part importante de l’emploi du temps de l’enfant et prépare tout de même son avenir.
  • savoir ce qui se passe dans la journée de son enfant, les évènements positifs (qui sont ses amis, est-il amoureux…) comme négatifs. Il est par exemple possible qu’un enfant soit en conflit avec un autre, voire plus grave.
  • bien entendu, passer du temps et partager des moments avec son enfant.

Comment s’y prendre ?

La durée

A l’école primaire, les devoirs ne doivent pas prendre beaucoup de temps et surtout ne pas devenir un moment de souffrance et de conflit, ni pour l’enfant, ni pour les parents. A mon avis, une durée de 15 à 30 minutes selon l’âge est un maximum. Si ce temps s’éternise, devient laborieux, c’est que l’enfant est en difficulté, soit dans ses apprentissages, soit dans sa relation avec l’école. Il convient alors d’en parler avec son enseignant(e).

Le moment

Le moment dépend de l’organisation de chaque famille et du rythme de l’enfant. Il n’est pas nécessaire de s’y mettre dès le retour d’école, les journées sont déjà longues en classe. Lire un texte ou relire une leçon, une poésie juste avant de dormir peut être utile car le cerveau va travailler à la mémorisation pendant la nuit. En plus, la lecture est un moment calme propice au sommeil.

Il n’est pas utile en primaire de partager les devoirs en plusieurs moments car comme ce n’est pas très long, le faire en plusieurs fois ne ferait que donner une impression de durée.

Le lieu

Donner des bonnes habitudes de travail à son enfant ne commence jamais assez tôt selon moi. Ainsi, s’installer dans un endroit calme et « dégagé » pour travailler est préférable: éviter le bout de table de la cuisine, le canapé face à la télévision, le coin encombré de légo en cours de construction…

L’enfant n’a peut-être pas besoin d’un bureau dès son plus jeune âge mais il peut s’installer au calme sur la table du salon, ou sur un fauteuil pour lire.

Qui fait les devoirs ?

Alors là, il n’y a pas débat, c’est l’enfant qui fait les devoirs, pas les parents qui ne sont là que pour l’encourager, le soutenir, l’aider si nécessaire.

Certains enfants ont juste besoin qu’on leur dise que c’est le moment de faire les devoirs, de jeter un coup d’œil et de rester disponible en cas de difficulté.

D’autres enfants ont besoin de soutien et surtout d’encouragements. Mais parfois les parents ne sont pas disponibles, ou fatigués (si ils ont le droit !), ou leur aide est mal acceptée par l’enfant. Une autre personne peut prendre le relai: la nounou, un grand-parent, un(e) ainé(e), un(e) ami(e)….

L’organisation

  • Comme je l’ai détaillé plus haut, c’est bien de commencer par parler un peu de la journée, des évènements positifs et négatifs.
  • Puis il convient de regarder ce qui a été noté dans le cahier de textes / agenda. Oh ! Il n’a rien noté le(la) coquin(e)! Pas d’affolement: il se souvient peut-être de ce qu’il faut faire, peut appeler un ami, un petit mot à l’enseignant(e) peut expliquer que les devoirs ne sont pas toujours notés. Sinon, toute classe a une organisation un peu répétitive facile à retenir: des mots à apprendre toutes les semaines, des poésies, calculs, leçons à connaître…
  • Je conseille toujours à mes élèves de commencer par ce qu’ils aiment le moins comme ça c’est fait ! Et puis ça évite que le temps de devoirs dure trop longtemps, permet d’encourager l’élève car ce qui reste « après » est plus facile.
  • Normalement tout ce qui est donné en primaire sont des révisions de notions vues en classe. L’enfant doit donc être capable d’expliquer la notion et faire la travail seul. Sinon c’est qu’il n’a pas bien compris. Pour l’aider, vous pouvez aller voir le paragraphe ci-dessous ou d’autres pistes de travail sur ce site.
  • Il est préférable de faire lire à haute voix – même au CM2 ! – d’une part pour contrôler et d’autre part parce que c’est un apprentissage différent de la lecture « dans la tête » qui oblige à contrôler les pauses, l’intonation, l’articulation, le volume, la vitesse…
  • Inutile de vouloir aller plus loin que ce qui a été appris à l’école. Si votre enfant a terminé en 5 minutes, et bien c’est super pour tout le monde !
  • Pour les élèves de CM, certains enseignants donnent les devoirs en avance pour les préparer au collège. C’est compliqué mais très utile pour les entraîner à s’organiser. Le but n’est justement pas de faire tous les devoirs de la semaine en une fois mais bien d’en faire un peu tous les jours, d’anticiper les jours où on est moins disponible (activité, soirée chez un copain…)

Comment aider son enfant ?

Je vous propose ici quelques pistes générales pour aider votre enfant au cas où il serait en difficulté dans quelques domaines clés.

La lecture

  • Adapter la longueur du texte à son niveau.
  • Le faire lire d’autres textes que ceux de l’école, des textes qu’il aime, qui l’intéressent, quelque soit le genre.
  • Utiliser une règle, un cache pour l’aider à lire ligne par ligne.
  • Lire vous-même le texte une première fois pour lui servir de modèle.
  • Lire chacun une phrase, un mot pour l’encourager: une fois lui, une fois vous.
  • Si votre enfant en est au début de l’apprentissage de la lecture, il faut peut-être lui rappeler le son des lettres, comment les « coller » pour les combiner en syllabes puis mots.
  • Si votre enfant est plus grand, on peut l’encourager à « mettre le ton » en se mettant à la place des personnages, comme au théâtre. Il ne faut pas hésiter à se mettre en scène, exagérer l’intonation (colère, surprise…)

La mémorisation

Normalement, les notions à savoir sont apprises en classe, mais cela prend plus de temps pour certains enfants que pour d’autres. Il faut savoir que plus on fait d’efforts pour travailler sa mémoire, mieux elle fonctionne, pour les enfants comme pour les adultes. Ainsi, si votre enfant a des difficultés de mémorisation, il ne faut pas « abandonner » mais insister pas à pas et cela deviendra de plus en plus facile.

D’autre part, chaque personne possède sa propre voie de mémorisation mais il n’est pas toujours aisé de savoir laquelle, surtout pour les enfants. Certaines personnes ont une mémoire plus visuelle, d’autre plutôt sonore, d’autres encore une mémoire gestuelle… C’est pourquoi, je conseille toujours à mes élèves d’essayer plusieurs méthodes pour voir celle qui semble fonctionner le mieux pour eux.

Voici quelques pistes à adapter à chaque enfant et sujet d’apprentissage:

Apprendre des mots

  • copier plusieurs fois: ça paraît fastidieux mais ça marche pour la plupart des enfants.
  • plus ludique, repasser plusieurs fois sur le modèle en changeant de couleur.
  • écrire les mots avec des lettres mobiles (tirées d’un jeu genre scrabble, ou écrites sur des morceaux de papier)
  • épeler à haute voix.
  • reconstituer les syllabes des mots écrites sur des morceaux de papier et mélangées.
  • faire de courtes phrases avec les mots.
  • les théâtraliser: les mimer, les chanter, inventer une histoire avec….

Les poésies

  • Apprendre vers par vers progressivement.
  • Apprendre en plusieurs fois, sur plusieurs jours car vouloir tout apprendre d’un coup peut -être un véritable calvaire pour certains enfants.
  • Réciter à deux: un vers chacun, le début / la fin du vers, réciter à deux en même temps.
  • Comme pour les mots, théâtraliser la poésie: la chanter sur une mélodie connue ou en rappant (parler en rythme), la mettre en scène…

Les tables d’addition, de multiplication: Ah ces tables, tout un programme, et une sacré pression sur les enfants et leurs parents ! Mais non, pas de panique ! Tous les enfants sont capables de les connaître avec un peu de méthode et de patience.

  • Prendre son temps, tout ne va pas rentrer en une fois !
  • Apprendre un petit peu régulièrement, en révisant toujours ce qui a déjà été mémorisé.
  • Apprendre de plusieurs façons différentes: à l’endroit, à l’envers, de façon aléatoire… Par exemple pour les tables on peut dire: 3×8=? ou 8×3=? ou 3x?=24 ou qu’est-ce qui fait 24? (plusieurs solutions)
  • Utiliser les jeux de société qui utilisent énormément les additions mais aussi pour certains les multiplications. Certains jeux sont même conçus spécialement pour cela, voir par exemple https://apprendre-reviser-memoriser.fr/3-jeux-pour-apprendre-et-reviser-les-tables-daddition-en-samusant/
  • Utiliser les situations de la vie quotidienne: transformer une recette de 4 à 8 personnes, calculer le coût total d’un achat…
  • Trouver des jeux en ligne sur le web, par exemple ici https://www.logicieleducatif.fr/index_calcul.php
  • On peut également trouver sur internet tout un tas d’idées pour apprendre de façon ludique: des cocottes http://latroussedesmaitresses.eklablog.com/les-cocottes-de-multiplications-a183537290, des labyrinthes http://apreslaclasse.net/index.php/2018/05/02/les-labyrinthes-des-multiplications/
  • On peut fabriquer soit même des jeux tout simples: un mémory (retrouver les cartes calcul et réponse qui vont ensemble), un jeu de vitesse à deux (calcul d’un côté, réponse de l’autre, celui qui répond le plus vite remporte la carte).
  • Pour les enfants qui bougent, on peut apprendre également en faisant du sport. Par exemple, jouer au twitter mais avec des calculs (main sur 3×4, pied sur 2×8…), créer un quadrillage avec des nombres et il faut sauter sur la case 3×3 puis 2×6…

Les leçons

Plus que l’apprendre, une leçon est surtout destinée à être comprise. Pour cela, la relire n’est pas suffisant. Vous pouvez:

  • Demander à votre enfant de vous expliquer la leçon à sa façon: De quoi parle-elle? Quel est son but?
  • Poser des questions pour vérifier ce qu’il a retenu.
  • Lui faire expliquer les mots clés.
  • Lui faire écrire ces mots.
  • Montrer des images, des vidéos sur internet ou dans des livres sur le sujet, particulièrement en sciences, en géographie.
  • Lui faire refaire des exercices faits en classe.

En conclusion, quelque soit le temps dont vous disposez ou vos propres compétences, vous pouvez toujours aider votre enfant dans ses efforts. Toutefois, rien ne sert non plus d’aller trop loin, par exemple, vouloir lui apprendre une notion « en avance » est souvent improductif et peut perturber l’enfant dans ses apprentissages en classe.

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